Devinez. . .

Elle a toutes les chances la belle demoiselle.
Dotée d’un corps parfait, d’une peau de satin,
Pas un signe du temps ne s’est posé sur elle,
Plantureuse jeunesse sortie de son écrin.

Elle a tous les bonheurs et pourtant les ignore.
Les souffles dans le cou, les caresses à main nue,
Il la prend dans ses bras, l’étreint jusqu’à l’aurore,
Pour tout remerciement: elle l’épuise, elle le tue.

Lui n’a que les soucis et les tracasseries,
Les maux qu’elle lui inflige, il sait les surmonter,
Si son dos lui fait mal quand elle lui donne un si,
Il l’aime tellement qu’il sait lui pardonner.

Il se tourne vers elle au moindre instant volé,
Avec application, tranquille il se prépare,
La blottit dans ses bras et pour la câliner,
Laisse à l’archet conter tendrement son histoire.

Ce qu’il exige d’elle n’est pas une évidence,
Même si, de son corps elle donne le meilleur,
Il aura s’il le faut recours à la violence
Pour extraire de son bois et sa sève et son cœur.

Il lui faudra du temps pour l’amadouer un peu,
De volonté, de rage et de passion mêlées,
Beaucoup d’acharnement, d’application au jeu,
Un soupçon de tendresse et il aura gagné.

L'élève est exigeant, le premier de sa classe,
Chaque jour il combat pour mieux la dominer,
Mais elle sait résister la belle Contrebasse,
Et n’est pas décidée à se laisser dompter.

Mémoire du Temps

N’oubliez pas le temps qui passe, ni même le temps passé,
Conservez bien au chaud, au cœur de votre esprit
Vos amours, vos ennuis, peines abandonnées,
Tous ces précieux instants, ces douloureuses vies.

Ne jetez rien au vent, aux ténèbres, à la nuit,
Gardez bien en mémoire le souvenir de ceux ,
Qui d’hier ou d’avant vous on donné la vie
Sans rien vous demander, que de mieux faire qu’eux.

Regardez derrière vous le trajet parcouru,
Et comptez à présent ce qu’il vous reste à faire,
Cette vie en avant n’est qu’un chemin de plus,
A vous de bien choisir et de quelle manière.

Faites vous renaître une seconde fois,
Distribuez vos cartes, tracez votre destin,
Établissez vos plans, choisissez votre voie,
Prenez bien votre temps pour préparer demain.

Si de penser à vous l’habitude est perdue,
Reprenez lors en mains ce délicieux défaut.
Effacer pour de bon ce que l’on n’aime plus
N’est pas de l’égoïsme, sans être une vertu.

Les années s’en iront comme s’en va le vent,
Il ne tiendra qu’à vous de bien les maitriser.
De faire qu’à chaque jour l’amour y soit présent,
Sans jamais pour autant oublier le passé.

Renaissance


                                          

Petit bijou d’amour perdu au bout du monde,
Après tant d’espérances et tant d’espoirs déçus.
Tout un chemin d’attente, d’années et de secondes,

D’heures, de nuits, de jours, de peines contenues.

Plus attendu, plus désiré encore que s’il était conçu,
Plus mérité aussi après tant de patience,
Ce grand bonheur tout proche que l’on croyait perdu,
Est enfin annoncé, comme une délivrance.

Il deviendra le sel qui manquait à la vie,
Sera tantôt soleil et quelques fois nuages,
Ira même inventer moult tracasseries
Si l’on feignait de croire qu’il soit toujours très sage.

Pour chaque matin gris, de son sourire d’enfant,
Tout comme un magicien qui connait plus d’un tour,
Chassera les soucis, l’espace d’un instant,

Offrant à ses parents son petit cœur d’amour.

Le Chevalier

                            

C’est un beau chevalier, sans armure et sans arme
Né d’une galaxie, à jamais disparue.
Plus d’épée, plus de guerre, rien que le cœur et l’âme
Pour défendre demain une vie inconnue.

Il a fait vœu de paix et sera s’y tenir,
Les combats de naguère ne sont plus de son âge.
Même s’il doit pour cela un petit peu mentir,
Il est honnête, droit et chargé de courage.

Chaque jour est pour lui un jour de souffrance,
Et chaque aube naissante annonce les tourments
Qu’il devra affronter ou passer sous silence
Afin de préserver l’harmonie du présent.

Cette vie d’apparences, de faux semblants vernis,
Cet océan de flous, de vérités cachées,
Il doit les explorer, décrypter sans répit,
Pour feindre d’exister et ne pas se noyer.

Où êtes-vous belle île, virgule dans le temps,
Petite étoile d’or, belles fées d’autrefois ?
Pour sauver du péril au moins pour quelques ans
Ce précieux paladin aux mérites d’un roi?

Lancez-une bouée, tendez-lui votre main,
Séquestrez s’il le faut, que son âme s’évade!
Mais n’abandonnez pas pour autant aux malins
Sa dépouille et son cœur, joyaux inestimables.

Soyez son bouclier, reprenez son armure
Bataillez à sa place s’il ne peut s’engager,
Délivrez-le des maux qui sont sa déchirure,
Et qu’inconnue pour lui la paix soit révélée.

Notre beau chevalier pourra alors renaître,
En reprenant la chance d’une seconde vie,
Découvrira le monde par une autre fenêtre,
Avec pour équipage un tout nouvel esprit.

De ses jours et ses nuits il laissera glisser
Celui qui autrefois savait être un poison:
Le temps, est « assassin » a-t-on souvent chanté,
Monseigneur, plaise à vous d’en tirer la leçon…

Quête en Provence

Au cœur d’une foule animée et bruyante,
Me frayant un chemin de mille parfums mêlés,
Telle une barque seule en mer, dérivante,
Je me laissais porter place des oliviers.

D’olivier, pas un seul, ne restait que le nom,
L’ancêtre végétal avait quitté la place,
Car depuis fort longtemps, ce tortueux démon
Avait cédé son cœur avant de rendre grâce.

Les cigales aussi avaient déménagé,
Préférant la garrigue à tout ce tintamarre,
Leur concert habituel ne serait pas donné
Mais peut-être demain, après ce jour de foire.

Je cherchais un objet, un outil bien précis,
Quelque chose de rare, presqu’une antiquité,
Incisif et tranchant, métal et bois polis,
Alliant l’esthétique à son utilité.

Je le voulais très doux, mais d’une âme violente,
Exprimant pleinement tout l’esprit de son maître,
Officiant tendrement, sans halte et sans attente
Un profond sillon rouge, que seule pourrait connaître.

Mais ma quête fût vaine, malgré tous mes efforts
Je n'avais su trouver l'arme du sacrifice,
Il me faudrait chercher combien de temps encore
Celle précieuse offrande, mère de cicatrices.

Jamais loin...

De votre cœur d’amour,  je puiserai ma vie,
De votre esprit troublé,  il me faudra extraire
Les mauvaises pensées qui inquiètent vos nuits,
Les fantômes du jour, les tourments de la guerre.

Comme après une pluie, comme après une chute,
Je sécherai vos pleurs et panserai vos plaies,
Ferai fuir les démons auteurs de votre lutte
Pour que reviennent en vous le soleil et la paix.

A quelques lieues de là, sans envahissement,
Distance mesurée,  proximité comptée,
Je poserai une île, virgule dans le temps,
Espace réconfort dont vous aurez la clef.

Des nuits qu’il vous plaira d’amour vous abreuver,
Des jours, trop assailli par l’ennui ou le froid,
Je serai là, sereine, prête à vous retrouver,
Votre ciel sera mien, votre vie mon combat.